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Maîtriser son Rythme en Triathlon : Une Clé de Performance pour les épreuves longue distance.

Photo du rédacteur: Romain BonzomRomain Bonzom

Dernière mise à jour : 14 déc. 2024


Les triathlons d’ultra-endurance, tels que les Double et Triple Iron, sont des épreuves extrêmes où chaque mouvement compte, et où la moindre erreur de gestion peut coûter des heures, voire la ligne d’arrivée. Dans ces épreuves où l’esprit et le corps sont poussés à leurs limites, une variable s’avère cruciale : la régularité de l’allure, ou le “pacing”. Une récente étude a mis en évidence l’impact direct de cette régularité sur les temps de course et la performance générale. Les conclusions sont sans appel : les triathlètes qui parviennent à maintenir une allure stable et peu variable finissent plus rapidement que ceux avec une allure fluctuante. Cette découverte pourrait transformer la façon dont les athlètes de longue distance abordent leurs courses et leur entraînement.

La Régularité de l’Allure : Un Défi Mental et Physique

Dans l’étude, les athlètes les plus rapides ont systématiquement montré une variation de rythme bien plus faible dans les sections de vélo des épreuves Double et Triple Iron, et dans les segments de course à pied du Triple Iron. Mais pourquoi cette régularité fait-elle toute la différence ? Parce que maintenir une allure stable demande une maîtrise fine de l’effort, de la respiration, et une conscience accrue de son corps. Les triathlètes expérimentés savent qu'une variation trop importante de l'allure fatigue non seulement les muscles, mais aussi le mental, en demandant des ajustements constants.

Pour un athlète d’ultra-endurance, savoir stabiliser son rythme représente une forme de résilience face aux distractions et aux fluctuations naturelles de l’énergie. En cours de route, le corps est soumis à des changements continus : la température peut varier, les pentes se succéder, la fatigue mentale s’intensifier. Garder une allure régulière face à ces défis permet de s’économiser et de conserver l’énergie nécessaire pour les moments décisifs.

L’Importance d’une Allure Stable pour l’Endurance à Long Terme

Les triathlètes d'ultra-endurance, habitués aux courses longues, comprennent que chaque variation d'allure représente un défi physiologique et mental complexe. En effet, chaque accélération ou ralentissement impose à l’organisme une double adaptation : d’une part, le système cardiovasculaire doit ajuster le débit sanguin pour répondre à la nouvelle demande en oxygène, et d’autre part, les fibres musculaires sollicitent des filières énergétiques spécifiques, comme la transition entre l’utilisation des glucides et celle des lipides. Ces micro-ajustements, répétés sur des heures d’effort, entraînent une dégradation progressive des réserves énergétiques et augmentent le risque d’accumulation de lactates, compromettant la capacité à maintenir un effort soutenu en fin de course. À l’inverse, un rythme stable permet de maximiser l’efficacité métabolique, en optimisant l’utilisation des ressources énergétiques disponibles tout en réduisant le stress physiologique. Cette stratégie d’économie d’énergie est souvent déterminante pour finir une épreuve en puissance ou réaliser un sprint final décisif.

Maintenir un pacing régulier, c’est adopter une gestion intelligente des ressources, un choix qui repose sur l’expérience et la capacité à lire les signes de son corps. En maîtrisant ces micro-ajustements, les athlètes parviennent à préserver leurs muscles, leurs articulations, et même leur motivation, en gardant un objectif clair et une stabilité intérieure face aux défis de la course.

Le Pacing : Une Stratégie Qui Va au-delà du Physique

Gérer son allure sur des distances ultra est autant un défi mental qu’un défi physique. En maintenant une régularité d'allure, l'athlète s’entraîne non seulement à gérer son corps, mais aussi son mental. Sur les distances ultra, gérer son allure est un défi neurophysiologique complexe. La régularité d’allure mobilise le cortex préfrontal, essentiel pour maintenir la concentration et inhiber les impulsions dictées par la fatigue ou l’euphorie. À mesure que la course avance, la fatigue centrale, due à la diminution des neurotransmetteurs comme la dopamine et la sérotonine, altère la capacité à évaluer son effort. Entrer dans un état de « flow » optimise la connectivité entre le système nerveux central et les muscles, réduisant les distractions et favorisant une économie psychologique. Cette maîtrise permet de limiter les pics d’effort inutiles et d'assurer une continuité stratégique, essentielle pour performer sur la durée.

Un athlète qui parvient à garder cette constance dans sa course réduit les risques de “crises” de mi-course, où l’on peut se sentir dépassé par la fatigue. Au lieu de subir l'effort, il prend le contrôle de son rythme, réaffirmant sa stratégie à chaque foulée ou coup de pédale. Cela devient une routine positive qui permet d’éviter les hauts et les bas émotionnels, source fréquente d'abandon en ultra-endurance.

La Stratégie d’Entraînement : Travailler Son Pacing en Conditions Réelles


Pour un triathlète d’ultra-endurance, comprendre que le pacing est un facteur clé de la performance constitue une première étape, mais le maîtriser exige une approche méthodique basée sur des principes physiologiques précis. La régularité de l’allure repose sur la capacité à stabiliser les variables physiologiques critiques, telles que la fréquence cardiaque, la ventilation et l’utilisation des substrats énergétiques (lipides et glucides). Cette compétence se développe à travers des entraînements ciblés, comme les sorties longues à fréquence cardiaque stable, qui favorisent l’efficacité métabolique et la dominance de la filière aérobie. Les segments d’entraînement à allure constante, répétés sur plusieurs heures, améliorent la coordination neuro-musculaire à des vitesses spécifiques à la compétition, tout en renforçant la résilience psychologique face à l’effort prolongé. En intégrant ces éléments, vous pouvez non seulement optimiser votre gestion énergétique, mais réduire également les variations inutiles de puissance qui augmentent le coût physiologique de l’effort.

Pourquoi est-il important d’intégrer cet entraînement ? Parce que la régularité d’allure ne vient pas seulement du talent ou de la forme physique, mais d’une discipline mentale acquise au fil des entraînements. C’est dans ces moments que l'athlète apprend à écouter ses sensations, à ajuster son rythme en fonction de sa respiration, et à connaître précisément ses limites. Cette connaissance fine de soi permet d’éviter les pièges des accélérations soudaines et des ralentissements imprévus, rendant la performance plus solide et prévisible.

Maintenir un Pacing Régulier : Un Avantage Psychologique et Physique

Les triathlètes qui adoptent un pacing stable durant leurs courses voient également un avantage psychologique se dessiner. Lorsqu’on sait que l’on peut maintenir une allure sans s’épuiser, la confiance augmente, et cette confiance devient un moteur pour traverser les moments difficiles. Pourquoi est-ce essentiel ? Parce que l’ultra-endurance est une question de régularité sur tous les plans, et l’avantage psychologique d’une course stable est immense. Il permet de maintenir une vision positive de la progression, même lorsque la fatigue se fait sentir.

Cette constance devient ainsi une sorte de pilier auquel l'athlète peut se rattacher. Chaque kilomètre parcouru à un rythme stable renforce cette stabilité intérieure, comme une promesse d’atteindre la ligne d’arrivée avec des réserves suffisantes pour un dernier effort. Cette continuité réduit les risques d’épuisement prématuré et fait en sorte que l’athlète termine plus fort, physiquement et mentalement.

En Conclusion : La Régularité Comme Levier de Performance en Ultra-Triathlon

Pour les athlètes d’ultra-endurance, la régularité de l’allure n’est pas un simple aspect technique de la course, mais une véritable stratégie de gestion, à la fois mentale et physique. Maîtriser son rythme, c’est s’engager dans une course où chaque étape est sous contrôle, où la fatigue est gérée, et où la distance ne devient pas un obstacle insurmontable. Pour un triathlète de longue distance, adopter un pacing régulier est un choix de performance, mais aussi de durabilité. Cela permet de préserver son corps, de fortifier son mental et de renforcer sa détermination.

En intégrant cette stratégie dans leur entraînement et en s’habituant à écouter et répondre aux signaux de leur corps, les athlètes peuvent mieux affronter les défis des courses ultra. La régularité n’est pas seulement un moyen de finir plus vite, mais un moyen de se respecter dans l’effort, d’optimiser chaque mouvement, et de s’approcher de la ligne d’arrivée avec un esprit et un corps en harmonie. Pour chaque triathlète en quête de performance sur des distances extrêmes, le pacing devient alors non seulement un outil, mais une philosophie de course.

Cette article est une analyse de revue scientifique : https://www.nature.com/articles/s41598-023-30932-1

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